Windows Movie Maker

Utiliser un logiciel d'Edition Vidéo en classe de Langues-Vivantes

1. Présentation
2. Intérêt pédagogique
3. Exemples de productions d'élèves
4. Comment ça marche?
5. Déroulement
6. Evaluation

1- Présentation:

Windows Movie Maker est un logiciel de montage vidéo conçu pour les débutants permettant de créer des séquences vidéo à partir d’images fixes ou d’extraits vidéos.

Avantage 1 : Ce logiciel est intégré dans tous les systèmes d'exploitation Windows. Il est donc disponible sur tous les ordinateurs (clic sur Démarrer/ tous les Programmes) et il est gratuit.

Avantage 2 : Il offre une interface simple. Il est donc rapidement pris en main par les élèves.

Avantage 3 : Il peut facilement être diffusé via un serveur de vidéos, tel que Youtube, et pourra donc rapidement être partagé avec des établissements partenaires dans le cadre d’un projet Européen ou autre.

Inconvénient : Comme tout logiciel simple, il n’est pas conçu pour la création de vidéos très élaborées et très longues, mais il convient parfaitement dans le cadre des activités pédagogiques où les productions ne dépassent pas 4/5 minutes.

2 – Intérêt pédagogique :

A - Développer les cinq compétences.

En effet, chaque étape de la conception d’une vidéo permet d’entrainer les élèves :

- à la compréhension de l’écrit (recherche d’informations en vue de la création du script)

- à l’expression écrite (lors de la rédaction du script)

- à l’expression orale en interaction (pendant les phases de concertation sur le choix et l’ordre d’apparition des images pertinentes, le choix des commentaires qui illustreront chaque image).

- à l’expression orale en continu (lors de l’enregistrement de la bande son)

- Mais aussi à la compréhension de l’oral (lors de la préparation de leur enregistrement, ils ont parfois recours à d’autres documents sonores ou vidéo pour repérer les stratégies et schémas intonatifs propres au message qu’ils auront à faire passer en vue de le reproduire (expressions-type et ton grave pour la préparation d’un journal d’actualités par exemple, ou bien expressions d’emphase et ton convainquant pour le compte-rendu d’un festival par exemple).

B - « Accrocher » le plus grand nombre d’élèves.

Cette approche intégrant l’outil Movie Maker permet à certains élèves, d’ordinaire peu impliqués, de s’investir davantage dans ce type d’activités. Le recours à d’autres compétences que celles uniquement linguistiques les rassure dans l’idée que leur production ne sera pas aussi médiocre qu’à l’habitude. Pour tous les élèves, quel que soit leur niveau, cette activité les encourage à aller au-delà de leurs capacités en s’approchant au mieux d’un document authentique.

C - Ancrer leur production dans une situation de communication (à qui s’adressent-ils ? dans quel but ? production envoyée à un partenaire ? visualisée par un public ?).

Produire sans espoir d’être visualisé par d’autres personnes ne présente pas un grand intérêt pour les élèves. C’est pourquoi, il est important de mentionner en début de séquence le destinataire de cette production. Celui-ci peut être une classe participant à un échange, un assistant, ou le public au sens large.

Dès lors que l’activité se fait dans le but d’être diffusée à une autre personne que les camarades ou le professeur, l’implication des élèves est à son maximum parce qu’ils n’ont aucunement envie de décevoir.

D - Donner tout son sens à l’apprentissage de la phonologie (prononciation, intonation, rythme).

De même, les élèves comprennent vite (surtout s’ils ont déjà visionné une production en français-langue étrangère) que si leur prononciation est maladroite, si leur rythme d’élocution est trop « haché », leur interlocuteur ne sera pas aussi indulgent que leur professeur. C’est la totalité du message qui ne sera pas comprise, et l’intégralité de leur production qui en subira les conséquences. Encore une fois, ils se prennent au jeu pour imiter au mieux un locuteur authentique et abordent progressivement l’entrainement à la phonologie avec de moins en moins de réticence.

E - Varier les situations de communications. Ouvrir sur l’extérieur.

Grâce à ce type d’activité, la communication ne se résume pas à un échange artificiel entre le professeur (qui connaît d’avance les réponses) et sa classe. Les élèves sont amenés à anticiper sur le profil de leur(s) interlocuteur(s) et d’adapter leurs propos en fonction de celui-ci (ils ne s’adresseront pas à des jeunes de leur âge comme à un public d’adultes par exemple).
Ils devront également anticiper sur ce que leur interlocuteur a besoin d’entendre à travers leur production, et prépareront leur vidéo en conséquence (ils ne rédigeront pas le même script si leur interlocuteur partage la même culture par exemple).

F - Encourager l’interactivité : dans la réalisation collective d’une vidéo.

Cette activité peut être réalisée en groupe classe, en petits groupes ou encore par groupes de 2.

En groupe classe : C’est alors une même personne (le professeur ou un élève volontaire) qui « orchestre » son déroulement en manipulant le logiciel sur un ordinateur relié à un vidéo-projecteur. Le reste de la classe intervient sur le choix des images, l’ordre de passage de celles-ci, proposent un commentaire, le complètent, le corrigent, proposent une reformulation, se concertent sur le commentaire à enregistrer, et enregistrent à l’aide d’un lecteur MP3 ou d’un micro numérique.

En petits groupes : il faut alors prévoir un ordinateur par groupe, ce qui est possible en salle multimédia ou bien (cela m’est arrivé !) si l’accès à une salle multimédia n’est pas possible, utiliser autant d’ordinateurs que de groupes (netbook, ordinateur sur chariot,ordinateur portable), reliés à des vidéo-projecteurs et projetés sur différents murs de la classe. (Etrangement, ceci n’a gêné en rien leur travail).

Par deux : A moins d’avoir un effectif vraiment réduit, cette démarche necessite l’accès à une salle informatique.

G - Valoriser leur travail et leurs progrès.

Cette activité donne aux élèves une marge de créativité relativement réduite et pourtant grandement appréciée. Ils éprouvent une satisfaction certaine à avoir réalisé quelque chose de « beau », intégrant non seulement leur voix mais aussi des images, et un fond musical qu’ils ont eux-mêmes choisi.

Par ailleurs, puisque les critères d’évaluation portent non seulement sur la qualité de la langue mais également sur la cohérence de la production, sur la qualité authentique / esthétique de celle-ci, les élèves habitués à de mauvaises notes trouvent ici une occasion de montrer qu’ils ont d’autres compétences, et apprécient d’être évalués autrement. Parfois ces élèves prennent un nouveau départ suite à ce type d’activité et abordent leur apprentissage avec davantage de confiance en eux. Leurs progrès sont alors surprenants de rapidité.

Le fait que leur production soit visualisée par une autre personne, et éventuellement diffusée sur un serveur de vidéo tel que Youtube apporte une tout autre dimension à l’évaluation. Il suffit pour cela de voir l’étonnement et la fierté des élèves en regardant le chiffre croissant du nombre de visualisations inscrit au bas de leur production pour en être convaincu.

H – Un pas vers l’autonomie.

Pendant la phase de préparation :

Les premières activités consistent généralement en un diaporama orchestré par l’enseignant. Tous les documents d’accompagnements (images, textes supports, etc) sont soigneusement préparés de façon à ne pas perdre de temps. Puis, avec plus d’expérience et de confiance, une plus grande autonomie peut être laissée aux élèves dans le choix des images, et dans la recherche des informations permettant de concevoir leur commentaire audio.
L’enseignant consulte d’abord la classe pour définir ensemble la méthode à suivre pour mener efficacement de telles recherches,(de quoi va-t-on avoir besoin ?).
Il les aide à définir précisément leur requête sur internet (qu’allez-vous inscrire dans votre ligne de recherche ? pensez-vous qu’une requête en français soit la plus judicieuse ? pensez-vous que votre requête sera assez précise ?etc).
Il propose aussi des outils pour les aider à améliorer leur prononciation (tel que Acapella Text to Speech)

Pendant la phase d’entrainement :

Le passage de l’écrit oralisé à l’expression spontanée est difficile et représente une étape cruciale dans leur apprentissage. Si la rédaction/lecture d’un script est rassurante au début, c’est au professeur d’encourager les élèves à trouver des stratégies pour que leur commentaire ne soit plus une lecture de texte. Pour cela, il est utile de leur faire écouter 2 enregistrements/vidéo sur un même thème, avec les mêmes idées mais enregistrés différemment. L’une est une lecture oralisée d’un script, l’autre est un commentaire oral fait à partir de mots clé. Les élèves s’accordent pour dire que le second est plus fluide, plus facile à comprendre, plus convainquant, et approuvent l’idée de s’entrainer à partir de mots clés.

Jusqu’où peut-on aller ? :

Cette démarche permet à mon sens un pas important vers l’autonomie. J’ai pu en faire l’expérience avec mes élèves de lycée et ai pu remarquer leur progression en matière d’autonomie au cours de l’année. Une majorité d’entre eux a réussi à acquérir la méthode nécessaire pour améliorer leurs compétences en-dehors des cours et certains ont progressé de façon surprenante. Ils ont compris que tous les outils et les ressources étaient à portée de main, et qu’avec de la motivation et de la persévérance, ils pouvaient réellement acquérir une très bonne maitrise de la langue. Malheureusement, tous n’ont pas la motivation et la persévérance suffisante…

Je me demande également si cette démarche serait applicable à des élèves de Collège. C’est pourquoi j’invite chaque enseignant à se poser les questions suivantes.

Dans quelle mesure peut-on aider nos élèves à :

Anticiper sur le thème annoncé.
Repérer les sources qui vont leur être utiles pour réaliser au mieux la tâche qui leur est confiée.
Utiliser les outils à leur disposition pour développer leurs compétences.
S’entrainer à une prise de parole plus fluide et spontanée.

3 - Exemples de démarches / de Productions d'élèves:

> Le Reportage / Le compte-Rendu à plusieurs voix à partir d’images fixes:

- Destination Thailande Avant d’aborder un texte dont l’histoire se passe en Thailande, les élèves ont préparé un documentaire à partir d’images fixes, et à destination de l’assistant qui souhaitait s’y rendre pendant l’été. Niveau A2. Déroulement : orchestré par le professeur. étapes : CE : repérage d’information et prise de notes POI  et POC : proposition de commentaires pour illustrer les images à partir de leurs notes et enregistrements. Documents support : images / texte / fiche support pour la prise de note et l’expression orale en continu.

- Séquence filmée Cette vidéo montre la mise en place concrête de cette activité, ainsi que le travail effectué pendant la séquence. L’Activité est réalisée en début d’année avec des élèves particulièrement peu confiants.

- Le Parlement Européen Dans le cadre d’un projet Comenius, les élèves ont réalisé un reportage sur le symbolisme de l’architecture du Parlement. Niveau B1. Déroulement : orchestré par le professeur, enregistrement à partir d’un script. Poi : les élèves se sont mis d’accord sur les valeurs représentant l’Europe. Poi : Par 2, puis par 4 : ont imaginé un batiment incarnant ces valeurs et ont présenté leur projet à leurs camarades. Prise de notes sur les symboles récurrents (vitres : transparence, lignes arrondies : paix, taille: puissance, harmonie de différentes matières/couleur/lignes : unité dans la diversité etc) Poi et POC : Suite à la visite du Parlement, les élèves ont choisi leurs photos et ont préparé un script les illustrant. Concertation et enregistrement à partir de leur script. Documents support : photos prises lors de la visite et autres images.

- Les Vosges et notre lycée Dans le cadre d’un projet Comenius, les élèves ont réalisé un reportage sur leur région et leur établissement. Niveau B1. Déroulement : orchestré par le professeur. Enregistrement à partir de mots clé. CE : repérage d’information à partir de brochures publicitaires et prise de notes sous forme de mots clé. POI  et POC : proposition de commentaires pour illustrer les images à partir de leurs notes et enregistrements à partir des mots clé. Documents support : images / brochures publicitaires / fiche support pour la prise de note et l’expression orale en continu.

> Le Reportage / Le compte-Rendu à une seule voix à partir d’images fixes:

- Rois et Reines d’Angleterre Exemple de production réalisée par des élèves du Lycée Jean Jaurès, dans le cadre d’un projet. Niveau B2. Déroulement : en autonomie. Il s’agit certainement d’une lecture oralisée mais il est évident qu’un travail a été réalisé sur l’intonation et la prononciation.

> l’Histoire, le conte, raconté à plusieurs voix à partir d’images fixes:

- Cendrillon Exemple de production réalisée par des élèves de 4^ème, à partir d’images fixes existantes ou bien prises par eux-mêmes. Niveau A2. Il s’agit certainement d’une lecture oralisée mais il est évident qu’un travail a été réalisé sur l’intonation et la prononciation.

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> VOIX - OFF:

- JO de Londres : 2 exemples Dans le cadre du projet Olympic Dreams, organisé par la BBC. Les élèves ont eu pour tâche de réaliser le clip publicitaire des JO de 2012 qui visait à inviter le plus grand nombre à les suivre. Niveau B2. Déroulement : par 2. Recherches, choix du fond musical, rédaction de leur script en autonomie complète, enregistrement à partir de leur script.

> SOUS-TITRAGE D4UNE INTERVIEW:

- Interview du champion Julien Absalon Dans le cadre du projet Olympic Dreams, organisé par la BBC. Les élèves ont eu pour tâche de réaliser l’interview du champion du monde qui a fait ses études dans leur établissement, et à le sous-titrer pour qu’il soit diffusé sur le site de la BBC. Niveau B1. Déroulement : 2 élèves pour l’interview. Ensuite, travail par petits groupes pour le montage et le sous-titrage de l’interview.

- Interview d’un fabriquant de munster (extrait) Dans le cadre d’un projet Comenius, les élèves ont réalisé un reportage sur la fabrication du fromage de munster dans les Vosges. Niveau B2. Déroulement : classe pour l’interview. Par petits groupes pour le sous-titrage, avec la coopération de l’assistante. Montage réalisé par la classe, orchestré par un élève.

> MISE EN SITUATION:

- News bulletin on Tony Parker and Eva Longoria (extrait) A la demande des élèves, nous avons abordé l’actualité qui faisait la une des journaux. Les élèves ont eu pour tâche de réaliser une partie de bulletin d’information sur le sujet (introduction / faits / interview de Tony et de Eva / réactions de leurs fans) Niveau B1. Déroulement : Par petits groupes pour les recherches, et la mise en situation de chaque partie. Entrainement à partir de leurs notes. Séquences filmées puis mises bout à bout pour concevoir le bulletin complet. Chaque phase a été réalisée en complète autonomie.

- News bulletin : l’affaire Mohamed Mehrat (extraits) A la demande des élèves, nous avons abordé l’actualité qui faisait la une des journaux. Les élèves ont eu pour tâche de réaliser une partie de bulletin d’information sur le sujet (introduction / faits / interview de personnages clé / réactions des passants). Vu l’effectif important de la classe : 3 groupes ont été créés correspondant à 3 dates différentes (1^er meurtre / meurtre à l’école / assaut final du RAID) Niveau B1. Déroulement : Par petits groupes pour les recherches, et la mise en situation de chaque partie. Entrainement à partir de leurs notes. Séquences filmées puis mises bout à bout pour concevoir le bulletin complet. Chaque phase a été réalisée en complète autonomie. (On remarquera que certaines scènes ont été filmées le jour du percent au lycée).

4- Comment ça marche? :

La réalisation d’un clip se fait en 4 étapes : 

Etape 1: importer les images fixes (dessins, photos, diapos de PowerPoint) ou filmées
et le son (fond musical, voix des élèves)

Etape 2: Glisser-déposer les images dans la palette scénario

Etape 3: Ajouter titres, sous-titres, transitions, effets

Etape 4: Enregistrer et diffuser.

Voici la fenêtre de montage sur laquelle on peut repérer les différentes zones :
Et la fenêtre des tâches qui indique les étapes, et montre la palette d’actions possibles sur le clip :

Voici un tutoriel en fichier pdf :

Ainsi que 2 tutoriels en vidéo :

- Tutoriel sur les 1ers pas. Partie 1
- Tutoriel sur les 1ers pas. Partie 2

5- Déroulement :

Ce type d’activité sera nécessairement l’aboutissement de toute une série d’autres activités. Je récapitule les différentes étapes de la préparation d’une séquence:

Préparation :

Thème : à définir par l’enseignant en fonction de sa classe, et du programme.

Cibler les compétences à travailler en amont pour pouvoir réaliser cette production.

Prévoir les autres activités et prévoir sa fiche d’évaluation en fonction du niveau et des compétences ciblées

Le Montage :

> Soit par le professeur uniquement (chez lui)

> Soit par le professeur, en salle de classe avec les élèves. (ou bien par un élève volontaire)

Le professeur « orchestre » la production
(dans ce cas, prévoir vidéo-projecteur+ caméscope ou ordinateur)

> Soit par les élèves en salle informatique pour des productions courtes après une séance de prise en main.
(dans ce cas, prévoir les supports sur le réseau de l’établissement).

La diffusion :

S’assurer du droit à l’image (autorisation des parents).

La production sera soit gravée, soit diffusée dans l’enceinte de l’établissement, soit envoyée à des partenaires, soit diffusée sur le WEB.

6 - Evaluation :

Pour favoriser la mise en confiance et encourager les progrès :

1: qualité / 4 - 3 - 2 - 1
2: correction /4 - 3 - 2 - 1
3: intonation, débit / 4 - 3 - 2 - 1
4: savoir communiquer, animer une conversation /4 - 3 - 2 - 1
5: cohérence entre le sujet la production)/ 4 - 3 - 2 - 1

Exemple de grille pour inter-évaluation des élèves.